SCULPTURE – 20TH

Jean LAMBERT-RUCKI

 « Magicien »

Plâtre original mis en couleurs par l’artiste.
Signée J. Lambert-Rucki sur le bas de la robe au dos.
Pièce unique réalisée à la fin des années 1950.

Hauteur: 30 cm
Largeur: 8 cm  –  Profondeur: 9 cm

Jean LAMBERT-RUCKI (1888-1967)

Né en 1888, cadet d’une nombreuse famille, Jean LAMBERT-RUCKI en sera l’enfant prodige. Il a onze ans quand son père meurt subitement. Il aide les siens à vivre en faisant des portraits qui surprennent les bourgeois de Cracovie.
Il entre au Gymnase de sa ville natale pour y faire ses études, puis à l’Ecole des Beaux-Arts où il devient le camarade de Kisling qu’il retrouve plus tard à Paris.
Sa jeunesse est marquée par la richesse du folklore de l’Europe Centrale, il fait de fréquents séjours en Russie, fréquente les tziganes, apprend le saut périlleux, les danses russes et son œuvre en demeure imprégnée profondément.
Enthousiasmé par une exposition des œuvres de Gauguin à Cracovie, il décide de venir à Paris où il arrive un matin de février 1911 avec 17 francs pour unique fortune. Il fait aussitôt l’heureuse et providentielle rencontre d’un ami polonais qui l’héberge.
Il s’inscrit à l’Académie Colarossi. Il se mêle à la bohême de Montparnasse, fréquente le Dôme puis la Rotonde, y rencontre notamment Soutine, Survage, Modigliani (dont il partagera la chambre au 8, rue de la Grande chaumière), Foujita, Kisling, Blaise Cendraz, Max Jacob.
Il gagne sa vie en jouant la comédie à l’Odéon et fait de la retouche photographique à Montmartre, ce qui ne l’empêche pas d’avoir faim un jour sur trois.
Solitaire, il le demeurera toute sa vie, fuyant le monde avec ses exigences et ses vanités. Sa raison d’être sera cet incessant besoin de créer, de faire du « nouveau ».
En 1913, il s’installe dans un atelier au 29, rue Campagne Première à Paris, 14ème.
En 1914, en s’engageant dans la Légion Etrangère pour servir la France, il francise son nom : Jean-Lambert étant son prénom, Il choisit le patronyme de Jean LAMBERT-RUCKI.
Pendant toute la durée des hostilités, il est affecté au « Service Archéologique de Salonique » où il procède à des fouilles, descendant au moyen d’un treuil dans les tumulus grecs. C’est ainsi qu’il participe à la création d’un Musée d’Archéologie à Athènes et qu’il fait des copies de mosaïques de Sainte Sophie de Salonique pour le Musée du Louvre sous la direction de Jean Guiffrey , le Conservateur du « Département de la Peinture ».
Il se lie d’amitié avec Joseph Csaky et Gustave Miklos qui deviendra le parrain de sa fille Théano dite « Mara » .
En 1918, démobilisé, il revient à Paris où il se fixe au 12 rue du Moulin-de-Beurre à Paris 14ème, dans le quartier de Montparnasse. Il devient membre de la Section d’Or dont le but est de faire connaître les artistes novateurs de différentes nationalités et d’organiser des expositions avec auditions musicales et littéraires dans nombre de pays.
En 1920, il épouse Monique Bickel (née en 1892), elle-même élève du sculpteur Rodin. Après sa demi sœur Léano, Théano dite Mara RUCKI nait le 7avril 1920.
Cette même année, il rencontre le marchand d’art Léonce Rosenberg et retrouve son ami Léopold Survage aux côtés duquel, entre autres, il participe à la première exposition de la Section d’Or à la Galerie de la Boétie à Paris.
En 1923, il se lie d’amitié avec le dinandier Jean Dunand pour lequel il travaille les après-midis pendant une vingtaine d’années. Il refusera la proposition de Jean Dunand d’apposer leur double signature sur les œuvres qu’il réalise (sauf au tout début de leur coopération) au prétexte que ce n’est pas sa création puisqu’il s’agit de commandes. La laque de Chine n’a pour lui aucun secret et on reconnaît aisément le style RUCKIEN (selon le mot de ses amis) notamment dans les paravents, les portraits de gens célèbres, les boîtes à cigarettes, les bijoux, les objets précieux divers, les vases et panneaux décoratifs des Paquebots Atlantique et Normandie.
En 1925 et jusqu’à la fin de sa vie, il multiplie les expositions de ses œuvres, exécute de nombreuses commandes dans toute l’Europe (chantiers en Alsace, au Canada, en Belgique, aux USA …) et pour des églises (importantes rénovations après la Grande Guerre), participe à la grande manifestation d’Art Sacré ou collabore avec Jacques-Emile Ruhlmann et Jean Dunand lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925.
A partir de 1930, il devient l’un des pionniers de l’Art Sacré Moderne.
En 1931, il devient membre actif de l’U.A.M. (Union des Artistes Modernes) où il expose aux côtés de René Herbst, Le Corbusier, Mallet-Stevens, l’architecte Georges-Henri Pingusson, Jean Fouquet (le joailler pour lequel il exécutera des bijoux). Il quittera l’U.A .M. en 1950.
En 1933, il quitte l’atelier de Montparnasse pour celui du 26 rue des Plantes à Paris 14ème.
En mai 1943, il participe à une exposition collective dans le cadre des artistes du « 2ème groupe » de la Galerie Drouant-David à Paris ( Braque, Derain, Dufy, Maurice Denis…).
En 1967, il meurt des suites d’une longue maladie vasculaire, il a alors quatre-vingts ans. Cette même année, s’éteint aussi son ami Gustave Miklos.
Cet homme à l’élégante silhouette est accueillant et plein d’humour. L’air souriant et les yeux bleus de Jean LAMBERT-RUCKI lui attirent d’emblée la sympathie.
C’est un artiste franc et solide, un homme vrai dans toute l’acceptation du terme. Sa spontanéité et sa fantaisie naturelle n’excluent pas le labeur et un amour du métier peu courant dans l’exécution.
Cédant volontiers à ses impulsions, cet instinctif tient avant tout à son indépendance.
Cet être raffiné aime la candeur des champs, la fraîche nature et la lumière. Il a une prédilection pour les oiseaux, les chats et les petits ânes. Il nous offre un monde tendre et pur de la plus grande beauté qui s’inscrit parfaitement dans les mouvements avant-gardistes dans lesquels il s’est impliqué.